Dreux 2026 : derrière la rupture entre Pierre-Frédéric Billet et LR, une droite en recomposition
- Emmanuel Senecharles
- il y a 3 minutes
- 3 min de lecture
La rupture est désormais publique, mais elle couvait depuis plusieurs mois. En refusant d’investir Pierre-Frédéric Billet pour les municipales de 2026, Les Républicains ont acté bien plus qu’un simple désaccord local : ils ont ouvert une phase de recomposition profonde de la droite drouaise, sur fond de lignes idéologiques et de stratégies nationales.

Dreux 2026 : derrière la rupture entre Pierre-Frédéric Billet et LR, une droite en recomposition
Le 10 décembre, la Commission nationale d’investiture des Républicains a choisi de ne pas reconduire le soutien au maire sortant de Dreux, pourtant encarté depuis près de trente ans. À la place, le parti a désigné Christophe Le Dorven, président du conseil départemental d’Eure-et-Loir, comme chef de file local.
Officiellement, il ne s’agit pas de porter une liste LR, mais d’organiser le soutien du parti à une candidature extérieure. Dans les faits, cette décision traduit une volonté claire : reprendre la main sur la stratégie locale, sans assumer directement une tête de liste estampillée LR.
`
Deux lectures irréconciliables de la rupture
Pour Pierre-Frédéric Billet, la rupture ne lui a pas été imposée. Dans un communiqué adressé aux Drouais, il affirme avoir informé Bruno Retailleau de son refus de solliciter l’investiture LR, dénonçant une dérive idéologique du parti et un reniement de l’héritage gaulliste et chiraquien.
Du côté des Républicains, la lecture est inverse. Plusieurs responsables assurent que le refus d’investiture était acté avant toute prise de position publique du maire, et que sa communication est intervenue après coup, pour tenter de reprendre la main sur le récit politique.
Au-delà des versions, un constat s’impose : la confiance est rompue.
Dreux, 1983 : une mémoire toujours active
Impossible de comprendre cette fracture sans revenir à l’histoire singulière de Dreux. L’alliance RPR–Front national de 1983 reste un traumatisme politique local. Pierre-Frédéric Billet s’en réclame explicitement pour justifier son refus de toute ambiguïté avec l’extrême droite.
À l’heure où les stratégies de second tour font débat à droite, cette référence n’est pas anodine. Elle révèle un clivage profond sur la manière d’aborder les municipales de 2026 : ligne de rassemblement large ou ligne de refus absolu.
Guerza, point de convergence de la droite départementale
Dans ce contexte, une autre candidature s’impose progressivement comme point d’équilibre. Celle d’Abdel-Kader Guerza, ex-sous-préfet, déjà déclaré pour 2026. L’inauguration de son siège de campagne, le 13 décembre, en présence de Christophe Le Dorven, a valeur de signal politique.
Sans prendre la carte LR, Abdel-Kader Guerza accepte les soutiens et se présente comme un candidat de rassemblement, au-delà des étiquettes. Une posture qui permet aux Républicains de soutenir une dynamique sans assumer directement une investiture.
Pierre-Frédéric Billet n’a pas encore officialisé sa candidature, mais son positionnement est clair : il entend poursuivre son engagement sans l’étiquette LR. Face à lui, Abdel-Kader Guerza structure son équipe, tandis que Les Républicains tentent de reconstruire une unité locale sans leur maire sortant.
À Dreux, la campagne municipale de 2026 ne fait que commencer. Mais une chose est acquise : la droite part divisée, et la rupture entre le maire sortant et son ancien parti marque un tournant dans la vie politique drouaise chez les LR.
Â


