Chartres : quatre prévenus jugés pour trafic de cigarettes de contrefaçon
- Emmanuel Senecharles
- il y a 11 heures
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Ce vendredi 8 août, au palais de justice de Chartres, s’ouvrait l’audience d’un vaste dossier mêlant contrebande de tabac, produits contrefaits, blanchiment d’argent et trafic de stupéfiants.
Chartres : quatre prévenus jugés pour trafic de cigarettes de contrefaçon:
Sur les quatre prévenus, trois comparaissaient libres, placés sous contrôle judiciaire après leur garde à vue, tandis que le quatrième, un Drouais de 30 ans soupçonné d’avoir orchestré un projet d’assassinat dans une autre affaire, était entendu en visioconférence depuis sa cellule, où il est incarcéré depuis mai. Ce détenu, au casier judiciaire chargé de douze mentions, est également mis en cause dans le dossier des cigarettes contrefaites. Son attitude nonchalante, comme s’il ne mesurait pas l’ampleur des accusations, a agacé les magistrats.
Irrité par la mauvaise qualité de la liaison vidéo, il a quitté l’audience avant d’être rappelé et contraint d’y assister jusqu’au bout. Derrière cette affaire se cache un réseau bien rodé, capable de faire circuler clandestinement des cargaisons entières. Lors des saisies, les enquêteurs ont découvert des dizaines de cartouches de cigarettes soigneusement dissimulées, ainsi qu’un stock de produits de marque imités à la perfection, preuve d’une mécanique bien huilée.
Outre les cigarettes, les perquisitions ont révélé la présence de capsules de protoxyde d’azote, de cannabis et de cocaïne. Un trafic bien moindre que celui du tabac, mais qui aurait complété les revenus du réseau, indique Le Parisien.
À la barre, les trois autres prévenus n’avaient rien de figures de dangereux trafiquants. Calmes et polis, ils contrastaient nettement avec l’agitation de leur coaccusé. Parmi eux, une jeune femme en survêtement noir, les cheveux gominés tirés en queue-de-cheval, la voix timide, accusée dans cette affaire, a demandé la restitution d’une voiture saisie, celle de sa mère. Une requête sèchement rejetée par le tribunal.
À Dreux, 51 % de la consommation de tabac n’est pas issue du réseau des buralistes
Partie civile dans ce dossier, Daniel Bruquel, chef du service prévention du commerce illicite chez Philip Morris France, a dénoncé à la barre les politiques publiques qui, selon lui, alimentent indirectement la contrebande. Pour lui, l’augmentation régulière des taxes et des prix du tabac ne fait qu’encourager un marché noir de plus en plus structuré, où circulent des produits contrefaits d’une qualité parfois douteuse. « Ce n’est pas une solution », a-t-il martelé, rappelant les conséquences économiques pour les buralistes et les risques pour la santé des consommateurs. Il précise également qu’à Dreux, 51 % de la consommation de tabac n’est pas issue du réseau des buralistes.
L’avocate de la partie civile, Me Stella Alessandrini, a annoncé qu’elle plaiderait l’atteinte à la marque, la contrefaçon et la contrebande. Elle réclame, au nom de son client, 3 500 € pour le préjudice à l’image, 7 500 € pour contrefaçon et 5 000 € pour contrebande.
Les prévenus, qui bénéficient de la présomption d’innocence, risquent jusqu’à trois ans de prison pour la contrebande, dix ans pour le trafic de stupéfiants et vingt ans pour l’un d’eux, en récidive, ainsi qu’une amende fiscale pouvant atteindre 2 000 €.
Ce premier jour d’audience a été largement consacré à l’étude des parcours et profils des accusés. Le tribunal n’est pas encore entré dans les détails des faits. C’est lors de l’audience de renvoi, fixée au 8 octobre 2025, que la justice se plongera dans le cœur de ce dossier aux ramifications multiples.
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