À Chartres, Gisèle et Claude célèbrent 71 ans d'amour et de complicité:
À Chartres, Gisèle, 91 ans, et Claude, 93 ans, vont célébrer leur 71ᵉ Saint-Valentin. Au fil des années, ils ont surmonté les épreuves de la vie, les crises, mais aussi les tentations, sans jamais faillir à leur engagement mutuel : celui de toujours rester ensemble.
"Tout a commencé naturellement, on était attirés l’un par l’autre. Il n’y avait pas de réseaux sociaux, on se voyait, on dansait, et c’est ainsi que tout a pris forme", explique Claude, conscient des différences entre hier et aujourd'hui.
Il y a plus de sept décennies, dans une France d’après-guerre où les bals étaient des moments incontournables pour la jeunesse, Gisèle se souvient : "On faisait partie d’un groupe d’amis, et petit à petit, c’est avec lui que j’ai continué à danser".
Claude, alors âgé de 21 ans, et Gisèle, 19 ans et demi, se marient rapidement après avoir obtenu l’accord du père de Gisèle, une formalité à l’époque avant la majorité à 21 ans. "C’était une époque modeste, nous venions tous les deux de familles modestes", se souvient-elle.
Le couple fonde une famille nombreuse, cinq enfants, et construit leur vie à deux avec l’humilité et le travail acharné. "On n’avait pas d’autre choix que de travailler dur", raconte Gisèle, tandis que Claude évolue professionnellement, passant de chef comptable à directeur administratif, tout en entraînant Gisèle dans ses déplacements professionnels.
Patience et concessions : le secret d’une vie à deux
Comment faire face à l’usure du temps ? "Faire des concessions", répond sans hésiter Claude. "Il ne faut pas toujours vouloir avoir raison, parfois, il faut mettre son orgueil de côté." Pour lui, l’essentiel est d’accepter de laisser de côté la satisfaction personnelle au profit du bien-être de son partenaire. Le secret, selon lui, est de ne pas laisser les conflits s’envenimer.
"Avec cinq enfants et la maison à gérer, on n’avait pas le temps de ruminer", poursuit Gisèle, qui cuisait pour une famille de sept personnes. "Aujourd’hui, les gens optent pour des plats préparés, des sandwichs, mais ils ne prennent plus le temps des petites choses simples." Pour elle, ces gestes quotidiens envers son mari et ses enfants ont été la base de leur relation. Mais Claude, lui aussi, a su jouer sa partition : "Il a toujours su me faire plaisir", confie-t-elle. Même s’ils ne célèbrent pas particulièrement la Saint-Valentin, Claude a toujours su lui montrer son affection.
Claude déplore l’évolution des mœurs : "Avant, à 20 ans, on était déjà prêts à fonder une famille. Aujourd’hui, à 25 ans, beaucoup sont encore chez leurs parents." Selon lui, les nouvelles générations ont perdu la capacité à s’engager durablement. "Aujourd’hui, les jeunes veulent tout, tout de suite, sans compromis. Dès le premier problème, ils prennent la fuite", constate-t-il avec un regard acéré. Parmi leurs cinq enfants, deux sont divorcés, et l’un est célibataire.
"Les tentations, il y en a eu, mais on n’a jamais songé à aller voir ailleurs", affirment-ils avec un sourire, gênés par la question.
Loin d’idéaliser leur parcours, ils admettent avoir traversé des périodes de doutes et des disputes. « Mais on n’a jamais baissé les bras », affirme Claude. Pour eux, l’amour véritable ne se résume pas à la passion des débuts : c’est une construction de chaque instant, un équilibre fragile que l’on doit entretenir jour après jour.
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